Après un week-end compliqué, la flotte de l’IMOCA Ocean Masters New York to Barcelona Race glisse maintenant avec plaisir au portant.
À 11 h 30 UTC, les bateaux naviguaient pour la plupart entre 15 et 18 nœuds.Les vents capricieux de samedi dernier, les bruits et fracas des premiers jours sont derrière eux…Ils accélèrent désormais vers l’est dans le nord des Açores.
Depuis 30 ans qu’il arpente ces eaux atlantiques, l’expérience de Marc Guillemot a clairement payé à bord de Safran. Le skipper admettait hier avoir fini par ignorer les prévisions météorologiques qui ne correspondaient en rien à la réalité, pour tout simplement continuer vers le sud. À l’inverse, partir vers le nord trop tôt a coûté très cher à l’équipage mixte espagnol composé d’Anna Corbella et Gerard Marin, a bord de GAES Centros Auditivos.
A 10 h 30 UTC, ils avaient reculé à 142 milles derrière les leaders. « Nous pensions que la flotte irait au nord », admettait Anna Corbella ce matin. « Nous connaissions les risques mais nous avons dû manquer quelque chose.Les deux modèles météo nous envoyaient vers le nord et nous pensions que les autres auraient moins de vent au sud. C’est juste de la malchance. Malheureusement, il ne nous reste pas beaucoup d’options.Mais nous allons essayer de reprendre un peu de milles ».
Pour les trois bateaux restés au sud, les 24 dernières heures ont été consacrées à trouver le meilleur moment pour progresser vers le nord et bénéficier de vents plus forts, générés par une dépression actuellement centrée dans le sud-ouest de l’Ireland. Avec une avance confortable, c’est Safran qui est monté le plus au nord hier soir, avant d’empanner vers l’est, pendant que derrière, Hugo Boss et Team Neutrogena avaient choisi de passer juste au-dessus des îles des Açores. Les deux bateaux se livrent actuellement la plus âpre des batailles au sein de la flotte, Hugo Boss ayant repris la deuxième place hier après-midi aux dépends de Team Neutrogena.
« Nous sommes contents, c’est sûr », déclarait le co-skipper d’Hugo Boss Ryan Breymaier. Nous avons travaillé très dur toute la nuit ». Sur l’IMOCA Ocean Masters New York to Barcelona Race, la cartographie s’actualise toutes les 15 minutes, jour et nuit, et selon Ryan Breymaier, cela requiert une vigilance extrême de leur part.« Malheureusement, nous devons la regarder en permanence.Nous n’avons absolument aucun temps mort ».
Et de fait, avec 15 milles d’écart entre les bateaux, c’est un véritable match-race qui se joue en ce moment entre les deux compagnons d’écurie, l’équipage d’Hugo Boss couvrant chacun des mouvements de son adversaire. Alors, est-ce que tout est joué pour les bateaux à la poursuite de Safran ? Loin de là selon Ryan Breymaier.«Ils ne sont pas censés être stoppés, parce qu’ils naviguent intelligemment mais si cela leur arrive, ne serait-ce qu’une courte période, nous ne sommes que 80 milles derrière…Après trois ou quatre heures, nous pouvons être de retour sur eux ».
Marc Guillemot déclarait que Morgan Lagravière et lui continueraient à naviguer au portant à l’approche du continent européen.Au large des côtes portugaises, ils devront cependant traverser une zone de transition. Leur routage prévoit une arrivée sur Gibraltar le 12 juin au matin. « Nous ne regardons pas ce qui se passe en Méditerranée pour l’instant. Notre but pour l’instant est de garder notre position de leader jusqu’à Gibraltar. La Méditerranée peut être pleine de pièges, mais peut réserver également de bonnes surprises, nous verrons bien.Il est un peu tôt pour y penser ».
Anna Corbella espère que la dorsale qu’ils devront traverser au large du Portugal mercredi ou jeudi sera une nouvelle occasion de reprendre du terrain. « Après, nos derniers espoirs sont les passages de Gibraltar et de la Méditerranée.Nous n’avons pas beaucoup d’options autrement, parce que nous n’avons ni la vitesse de Safran, ni celle d’Hugo Boss ».