Adieu la Grande Bleue. Les équipages de la Barcelona World Race n’auront pas traîné en Méditerranée pour cette édition 2014-2015, à l’exception notable de Nandor fa et Conrad Colman piégés par les calmes à bord de Spirit of Hungary. Mais l’entrée dans l’Atlantique n’a visiblement rien eu du long fleuve tranquille.
Le détroit de Gibraltar, est resté fidèle à sa réputation. Entre rafales de vent soudaines, trafic maritime intense et nombreux débris flottant à la surface de l’eau, plusieurs équipages se sont fait quelques chaleurs. Ainsi GAES Centros Auditivos, suite à une panne informatique a dû recourir à la traditionnelle veille optique pendant que des contacts répétés avec des objets flottants s’ingéniaient à provoquer la remontée de leurs safrans. De même Renault Captur s’est retrouvé un instant sans appareil à gouverner, les deux safrans étant remontés presque simultanément. A bord d’Hugo Boss, c’est un filet dans la quille qui a retardé considérablement Alex Thomson et Pepe Ribes.
Renault Captur et le RIPAM
Comme le prévoit le Règlement International pour Prévenir les Abordages en Mer (RIPAM), les concurrents étaient tenus lors du passage du détroit de respecter le dispositif de séparation de trafic en restant à l’extérieur des rails montant et descendant. En suivant les traces des concurrents, la direction de course a constaté que l’équipage de Renault Captur avait traversé le rail montant. La direction de course enquête en liaison auprès de l’équipage et des organismes concernés afin de déterminer les causes de cette infraction.
Cheminées Poujoulat aux avant-postes
Toutes ces petites contrariétés ont fait l’affaire de Bernard Stamm et Jean Le Cam qui ont saisi l’occasion de revenir aux avant-postes. L’équipage franco-suisse posté en embuscade, n’a pas manqué l’opportunité de rappeler quelques vérités avant d’attaquer la descente de l’Atlantique : tout d’abord, qu’un tour du monde se joue sur la durée mais aussi que le différentiel théorique de vitesse entre les bateaux n’est pas suffisamment important pour mettre un équipage à l’abri des initiatives adverses.
A la sortie de Gibraltar la flotte est maintenant clairement divisée en deux groupes : en tête, ils sont quatre à se tenir en moins de vingt milles, quatre équipages qui cumulent les avantages de disposer d’une machine performante et de bénéficier d’une expérience indéniable. Derrière eux, le tandem Sébastien Audigane – Jörg Riechers va devoir cravacher une monture fiable mais sûrement un peu moins rapide que les voiliers de tête. Les bizuths du tour du monde, tout comme l’équipage de Spirit of Hungary, encore en phase de découverte de la machine, paient une entrée en matière plus timide.
Première transition
La flotte va donc aborder groupée la première véritable transition de ce tour du monde. Pour autant les heures à venir ne seront pas forcément de tout repos pour les équipages. Le vent devrait mollir progressivement à l’approche d’une bulle anticyclonique qu’il va falloir négocier au mieux. Dans un premier temps, il va falloir s’éloigner des calmes le long des côtes marocaines, puis trouver le bon couloir pour se glisser sous la bulle anticyclonique en formation au large de Madère. Dans cet exercice délicat, l’intuition et l’expérience sont tout aussi utiles que l’analyse rigoureuse des fichiers météo. Réglages aux petits oignons, finesse de barre et veille attentive vont constituer le menu des prochaines heures qui peuvent s’avérer cruciales par la suite Ce n’est pas encore demain que les équipages vont pouvoir entrer dans la routine d’un tour du monde.