Entre les îles de Santo Antao et San Vicente, c’est un chenal de sept milles de large que les concurrents doivent emprunter. Le passage dans la porte donnera une idée précise du classement des uns par rapport aux autres. Et dessine une première hiérarchie avant de traverser pour de bon l’Atlantique.
Ils y sont. En tête de flotte Ian Lipinski (Griffon.fr) et Simon Koster (Eight Cube Sersa) en ont même terminé après un petit crochet dans le sud pour s’éloigner du dévent des montagnes de Santo Antao qui culminent à près de 2000 mètres. Le cône de vent perturbé pouvant s’étendre à plus de 30 milles, on comprend la prudence des deux premiers qui n’ont pas voulu jouer avec le feu, d’autant que derrière eux, les trois chasseurs Jörg Riechers (Lilienthal), Romain Bolzinger (Spicee.com) et Charlotte Méry (Optigestion – Femmes de Bretagne) ne laisseraient sûrement pas passer leur chance de recoller à l’échappée. Derrière ce premier groupe, Andrea Fornaro (Sideral) devrait pouvoir embouquer le chenal en leader du peloton, juste devant Kéni Piperol (Région Guadeloupe), bien revenu après un départ prudent. Ils devront toutefois se méfier d’Aurélien Poisson (Teamwork) qui, sur une route très sud pourrait opérer un rapprochement sensible. C’est à peu de choses près, la même configuration qui devrait bénéficier à Pablo Torres (Bicho II Puerto Sherry) face au groupe de concurrents un peu plus dans son nord Fred Guérin (Les-amis.fun), Jonathan Chodkiewiez (Tasty Granny) et Julien Héreu (Poema Insurance). Julien doit avoir d’autres choses en tête aujourd’hui, puisqu’il a fêté ses vingt-cinq ans en solitaire avec en guise de cadeau un pot de Nutella, un paquet de M&Ms et un rougaille saucisse… que du digeste, mais les cadeaux ont une valeur sentimentale en mer que l’on ne retrouve nulle part ailleurs.
Goulot d’étranglement
En série, le classement est pour l’instant figé entre les cinq premiers menés par Tanguy Bouroullec (Kerhis – Cerfrance). A bord d’Océan Dentiste, un des bateaux accompagnateurs, l’équipage s’efforce de recueillir des nouvelles des concurrents qui se résument souvent par un laconique « rien à signaler ». Seule Marta Güemes (Artelia) a signalé avoir cassé sa drisse de grand spi, mais avoir réussi à passer une drisse de rechange. Le grand catamaran est aussi passé à proximité de Victor Barriquand (Charente Maritime) pour constater que tout allait bien à bord. Le passage des îles du Cap-Vert va être l’occasion de procéder à une sorte de classement provisoire avant d’attaquer l’Atlantique. A compter de Tom Dolan (offshoresailing.fr), sixième en bateau de série et Camille Taque (Foxsea Lady) dixième en prototype, une grande partie de la flotte risque de franchir le goulet de nuit. Pour eux, il faudra être particulièrement vigilant aux variations du vent qui surviendront au dernier moment. Heureusement, la pleine lune devrait rendre l’exercice un peu moins angoissant que par nuit noire.
Course contre la montre
Il en est deux autres pour qui le passage des îles du Cap-Vert est loin d’être à l’ordre du jour. A Boujdour, Dorel Nacou (IxBlue Vamonos) a déjà manchonné son mât avec l’aide des gens du cru venus spontanément donner un coup de main. Le navigateur espère reprendre la mer au plus vite, dès que la réparation aura séché. A Dakar, on se mobilise pour accueillir Erwan Le Mené (Rousseau Clôtures) qui devrait toucher terre demain matin aux premières heures.