Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, chaque année, les marins de renom et les bateaux prestigieux sont de plus en plus nombreux à venir profiter du terrain de jeu hors-normes qu’offre l’île et de tous les autres ingrédients qui font la magie de la course. Le cru 2016 ne dérogera d’ailleurs pas à la règle puisque des supers stars de la voile tels que Ken Read, parrain de l’épreuve, Steve Benjamin, « Marin de l’année 2015 » aux USA, Guillermo Altadill, deuxième de la dernière Barcelona World Race, font, entre autres, partie des 63 équipages inscrits à ce jour. Des équipages aux montures toutes plus impressionnantes les unes que les autres, dont certaines, telles que les 100 pieds Galateia et Comanche sont taillées pour les plus grands défis océaniques, sans oublier les Maxi 72, les TP 52 et le VOR 65 , aussi technologiques que compétitifs.
Une fois n’est pas coutume, cette année encore, les Voiles de Saint-Barth accueilleront une impressionnante flotte de bateaux de propriétaires, mêlant bêtes de courses, prototypes hors-normes, machines volantes ou derniers nés de certaines classes telles que celle des Wally. Cette diversité fait sans conteste la richesse de l’évènement qui voit à chaque nouvelle édition son plateau s’étoffer et la bataille faire rage à tous les étages dans chaque catégorie. Celle des Maxi est indiscutablement celle qui attire le plus les regards. Et pour cause, les bateaux qui la composent sont toutes des machines d’exception. En premier lieu, Comanche – le plus long voilier jamais construit en carbone selon la technique de l’infusion, aux Etats-Unis -, est directement issu des études réalisées sur les monocoques IMOCA Macif et Banque Populaire, premier et deuxième du Vendée Globe 2012. Propriété du Texan Jim Clark et de sa femme Kristy Hinze Clark, il se distingue de ses concurrents directs de 100 pieds (Wild Oats, Perpetual Loyal entres autres) par sa grande largeur, son haut mât très reculé et une bôme à l’aplomb du tableau arrière.
Virtuellement étroit, Comanche est fait pour naviguer gité grâce au positionnement des appendices. Il bénéficie, de ce fait, d’un plan de voilure à fort allongement. Son cockpit a été pensé pour les manœuvres manuelles afin de gagner du poids. Il est le résultat d’une belle collaboration avec le cabinet VPLP, le skipper Ken Read, le team de Tim Hacket / Casey Smith et le constructeur Brandon Linton. Pour faire simple, il repousse les limites de la technologie et n’a qu’un seul mot d’ordre : battre les plus grands records océaniques. Aux Voiles de St-Barth, on a pu le constater l’an passé, sur des petits parcours il reste handicapé par son rating élevé, mais, néanmoins, quelle magie de le voir évoluer au plus près des côtes de l’île !
Machines de compétition versus bateaux de course-croisière
Un qui pourrait, en revanche, profiter d’un rating plus intéressant, c’est le 100 pieds Galateia, le troisième et dernier né des Wally Cento après Hamilton et Magic Carpet 3, vainqueur en titre de la Giraglia Race. Elaboré sur des plans de Reichel Pugh et mis à l’eau au début de l’été dernier à Hythe, dans le sud de l’Angleterre, celui-ci affiche de vraies différences avec ses deux prédécesseurs, la forme de sa coque ayant été modifiée ainsi que le positionnement de son gréement. Autres marques de fabrique ? Il ne dispose que d’un seul safran alors que Magic Carpet 3 en possède deux, et son style a également légèrement évolué avec beaucoup de teck et une disposition intérieure revue et corrigée. Car oui, Galateia bénéfice de tout l’aménagement moderne propre aux Wally de sa gamme, ce qui lui permet de se targuer d’être à la fois confortable et performant, en bref, d’allier à la perfection course et croisière. Il devra toutefois se méfier des deux Maxi 72 en lice, Momo, lancé au printemps 2015, et Proteus (ex Shockwave), récent vainqueur overall de la RORC Caribbean 600, dont le propriétaire George Sakellaris, est un habitué de l’île de Saint-Barth, avec plusieurs participations à la St Barths Bucket Regatta sur son deuxième voilier Axia.
Autre concurrent de taille : La Bête. Ce dernier, qui n’est autre que l’ex Rambler 90 du New-Yorkais George David, l’une des figures incontournables de la course qui s’était justement imposé en 2012 à Saint-Barth avec cette monture. Autant dire que son nouveau propriétaire Philip Rann et son équipage, mené par le français Yves Montanari, ont quelque peu la pression, mais ils savent qu’ils peuvent compter sur la fiabilité de leur Maxi lancé en 2002. De fait, celui-ci a déjà largement fait ses preuves avec notamment des victoires dans la Fastnet Race et la fameuse Sydney Hobart.
Des Maxi de 65 à 100 pieds : vive la diversité !
Légèrement plus petits mais pas moins taillés pour faire parler la poudre, les VOR 65 Team Brunel et le VOR 70 SFS ne seront assurément pas en reste. Et pour cause, le premier a terminé deuxième de la dernière édition de la Volvo Ocean Race. Menée par le Hollandais Bouwe Bekking – qui ne compte pas moins de sept participations au tour du monde avec escales entre 1985 et 2015 -, voilà assurément une monture bien rôdée et un équipage efficace.
Le second, pour sa part, n’est autre que l’un des quatre VOR 70 pieds encore en existence à ce jour. Par le passé, il s’est illustré en terminant cinquième de la Volvo Ocean Race en 2012. Il possède des atouts similaires à SFS II, l’ex-Puma désormais propriété de Péan, troisième de la Volvo Ocean Race en 2012… avec un certain Ken Read à la barre, parrain de Voiles de St-Barth et skipper de Comanche. De fait, il est puissant et sophistiqué, équipé d’une quille pendulaire et construit selon les critères les plus modernes, en matériaux composites qui garantissent un formidable ratio poids-puissance. Ce n’est pas un hasard si le skipper vainqueur de la Whitbread en 1985 et de la Solitaire du Figaro en 1983, a choisi de l’affréter pour l’occasion. Il compte d’ailleurs bien le démontrer dans les eaux de Saint-Barth. Mais il ne se leurre pas, la concurrence s’annonce « béton » car en plus des bateaux précédemment cités, il lui faudra faire face à des voiliers tels qu’Highland Fling XI, un Wally 82 mis à l’eau en 2009 aux caractéristiques très intéressantes et à l’élégance remarquable, ou encore Windfall, un SW94 fini de construire en 2012 par le prestigieux chantier sud-africain Southern Wind sur des plans de Reichel Pugh. Ce dernier, skippé par l’Irlandais Tim Goodbody, représentant de son pays aux Jeux Olympiques de Pékin 2008 en Finn, s’est principalement illustré en décembre dernier, en terminant deuxième de la RORC Transatlantic Race chez les IRC. Pour résumer, chez les Maxi, il y a déjà du lourd et ça promet d’envoyer !