A moins d’une journée du Cabo Frio, les trois premiers monocoques IMOCA et le leader des Multi-50 vont aborder un point névralgique du parcours de 5 400 milles de la Transat Jacques Vabre : la jonction entre les alizés de l’anticyclone de Sainte-Hélène et la zone dépressionnaire orageuse qui sévit dans le golfe de Rio. Pour Lalou Roucayrol et César Dohy, il se confirme que Arkema se déroute vers Salvador de Bahia suite à la délamination de la coque centrale.
Alors que le rush final ne semblait plus pouvoir se jouer sur une casse matérielle, Lalou Roucayrol et César Dohy ont dû constater qu’ils ne pouvaient plus continuer sans réparer leur Multi-50 Arkema qui connaît des problèmes de structure : « Nous avons constaté l’avarie et nous nous sommes tout de suite mis au travail pour tenter de limiter les prises d’eau. Nous nous déroutons vers Salvador où notre équipe doit nous rejoindre pour effectuer une réparation de fortune. Notre objectif : rester le moins longtemps possible et repartir au plus vite. Pour nous, c’est une autre course qui commence, mais notre but est d’aller désormais au bout de cette Transat Jacques Vabre, en franchissant la ligne d’arrivée. » déclarait le skipper qui pensait mettre 24h pour rallier Salvador de Bahia.
Un cap, un pic, une péninsule
Dans l’Est de Rio de Janeiro, le cap Frio est une frontière climatologique qu’il va falloir négocier avec circonspection : FenêtréA-Prysmian, large leader des Multi-50 et PRB, bien installé en tête de la flotte des monocoques IMOCA, devraient commencer leur virage sur la droite en début de nuit prochaine avec une brise de secteur Nord qui semble mollir à terre : il leur faudra trouver la bonne courbe pour réaliser le compromis route la plus courte et route la plus rapide car les masses nuageuses et orageuses ne vont pas se déliter avant demain mardi et la brise apparaît plus établie à la latitude d’Itajaí, soit sur le 26°S…
Ce nouveau changement de rythme avec un ou plusieurs empannages à la clé va être déterminant pour le trio leader des IMOCA : sans conteste, Vincent Riou et Sébastien Col ont fait le break depuis deux jours avec cinquante milles de marge sur Armel Le Cléac’h et Erwan Tabarly. Entre une brise qui vient de plus en plus de l’arrière et des zones de grains assez difficiles à anticiper, le bonus du foil de Banque Populaire VIII ne joue plus. C’est donc côté tactique et stratégie que l’écart au leader peut évoluer avant cette dernière phase de transition et cette grande ligne droite vers l’arrivée. La jonction entre ces deux systèmes météo est d’une extrême importance…
Compression équatoriale
Et côté Pot au Noir, les choses ne s’arrangent pas pour le leader qui voit fondre son avance comme beurre au soleil équatorial ! Depuis plus de 48 heures, Le Conservateur peine dans le marasme, grignotant mètre par mètre pour gagner dans le Sud pendant que ses deux plus proches poursuivants allongent encore la foulée à près de huit nœuds ! La Zone de Convergence Inter Tropicale ne s’étend pas vraiment : elle se contracte plutôt, mais pile sur la position du leader… A ce rythme, Carac-Advanced Energies et VandB vont être à portée de lance-pierres dès ce midi ! Passer de 320 milles de marge à moins de 100 milles en trois jours à de quoi faire arracher les cheveux de Yannick Bestaven et Pierre Brasseur.
Bertrand Delesne et Nils Palmieri doivent aussi reprendre du poil de la bête car depuis qu’ils se sont faits rattraper par l’anticyclone au large des Canaries, leur retard n’avait fait que s’accroître : cette fois, TeamWork40 a quasiment gagné une journée de mer et se retrouve en match-race avec Solidaires en peloton-ARSEP ! En fait, il ne reste plus en ce début de semaine que Creno-Moustache Solidaires (au large de Madère) et Club 103 (au large des Canaries) aux abords du tropique du Cancer et heureusement, ils bénéficient enfin d’un alizé de Nord-Est bien établi pour plusieurs jours…