Ils ne pouvaient pas rêver plus beau cadeau ! Les Espagnols de MAPFRE ont remporté lundi 25 décembre à 03:07 (heure de Melbourne, dimanche 24 décembre, 16:07 UTC), la troisième étape de la Volvo Ocean Race, leur deuxième consécutive, devant Dongfeng Race Team et Vestas 11th Hour Racing.

Longtemps à la lutte avec Dongfeng Race Team, l’équipage de Xabi Fernandez a finalement fait la différence à l’approche de l’Australie, coupant la ligne le jour de Noël après 14 jours 4 heures 7 minutes et 21 secondes, à 19,47 nœuds de moyenne réelle. Cette étape comptant double en points, MAPFRE fait un premier break en tête du classement général de la Volvo Ocean Race.

Après trois étapes (sur onze), MAPFRE est pour l’instant le patron de la Volvo Ocean Race. Deuxième de la première étape Alicante-Lisbonne, vainqueur au Cap de la deuxième, l’équipage espagnol a remporté lundi 25 décembre, dans la nuit australienne à 3h07’21 (dimanche 24 décembre, 16h07 UTC, 17h07 en France) une seconde victoire d’étape consécutive en s’imposant au terme des 6500 milles entre Le Cap et Melbourne. Il aura réellement parcouru 6622,84 milles, à 19,47 nœuds de moyenne réelle (17,06 nœuds sur la route directe, 5802 milles).

Dimanche matin, en constatant que l’écart le séparant du deuxième, Dongfeng Race Team, était de 100 milles à 100 milles de l’arrivée, Xabi Fernandez, le skipper de MAPFRE, ne cachait pas son bonheur : « Quel soulagement à bord ! On respire et on se dit qu’on a les choses en main. Après une si longue bataille et plus de 10 jours dans le Grand Sud, on arrive à Melbourne en première position, dans cette étape capitale ! ». Plusieurs heures plus tard, une fois la ligne coupée, le même Xabi Fernandez confiera : « C’est une fantastique victoire, notre deuxième de rang. L’étape a été très dure, nous avons dû nous battre, faire beaucoup de manœuvres, nous sommes très contents, même si nous savons que le chemin est encore long et qu’il faut continuer à travailler, étape après étape. La priorité maintenant va être de récupérer. »

Comme la précédente, cette seconde étape, la première du Grand Sud, aura donné lieu à une régate intense avec Dongfeng Race Team dès le départ du Cap. Après une première journée intense dans un fort flux d’est, les deux VO65 ont pris le parti d’aller au devant de la première grosse dépression du Grand Sud en plongeant plein sud vers la zone d’exclusion des glaces, là où la plupart de leurs concurrents, pour des raisons liées à la nécessité de ménager équipages et bateaux, optaient pour une trajectoire très nord (Turn the Tide on Plastic) ou médiane (Vestas 11th Hour Racing, Team Sun Hung Kai/Scallywag). Un choix payant, puisque Dongfeng Race Team et MAPFRE, assez vite « débarrassés » de la menace AkzoNobel, victime d’une avarie de rail de grand-voile l’obligeant à lâcher prise et à remonter au nord pour réparer, vont dès lors faire la course en tête et se livrer à un impressionnant duel d’empannages le long de la fameuse zone d’exclusion des glaces.

Le grand mérite des Espagnols va alors être de ne jamais lâcher face au rythme d’enfer imposé par l’équipage mené par Charles Caudrelier, décidé à frapper fort sur cette étape capitale, la première des trois de la Volvo Ocean Race sur laquelle les points sont doublés. « C’était très important de rester au contact. Et parfois, le meilleur moyen de le faire est de suivre le leader. Nous nous sommes battus très dur pour garder l’écart le plus serré possible, c’était très difficile de chasser derrière eux car ils étaient durs à attraper, après, nous savions que chaque nouveau système nous offrirait une opportunité, nous en avons saisi une », racontera Xabi Fernandez. Le tournant de l’étape est en effet survenu dans la nuit de mardi à mercredi derniers, lorsque le navigateur Joan Vila décide de se démarquer de son rival en poussant plus loin un bord plein sud. Une option qui a permis à MAPFRE de bénéficier d’une meilleure vitesse, de grappiller 15 milles en une nuit et de prendre définitivement les commandes. « Le sentiment était incroyable quand nous les avons dépassés », ajoutera Xabi Fernandez.

Restait alors à contrôler Dongfeng Race Team sur les 1700 derniers milles, une tâche finalement facilitée par l’avarie de quille, la casse dans le mécanisme du système d'inclinaison de la quille au niveau du vérin bâbord, dont a été victime samedi le VO65 battant pavillon chinois, qui a contraint l’équipage à lever le pied pour réparer. « C’est incroyable, parce que le coefficient de sécurité est élevé, ça ne devrait pas casser et ça a cassé, je n’ai jamais vu ça. Nous avons réussi à réparer en mettant en place le système alternatif qui fonctionne avec un seul vérin. Cela a été un énorme boulot. Nous avons perdu autour de 10-15 milles. Espérons que ça ne nous coûtera pas la seconde place », racontera Charles Caudrelier.

Le skipper français et ses équipiers-ères ont effectivement alors vu revenir sur leurs talons Vestas 11th Hour Racing et Team Brunel qui ont profité d’arriver dans un système météo différent par l’arrière pour grappiller une grande partie de leur retard sur Dongfeng Race Team. Ce dernier est finalement parvenu à conserver sa deuxième place qui lui permet de revenir à la hauteur de Vestas 11th Hour au classement général (23 points chacun), l’équipage de Charlie Enright ayant terminé troisième à Melbourne devant celui de Bouwe Bekking.

"C'était une des étapes les plus difficiles, pas seulement parce que c'est le sud, mais parce qu'on a eu ce combat avec MAPFRE, en plus des conditions météos avec beaucoup de vent, tout le temps, il n'y a pas eu de break, ça ne s'est jamais arrêté, on a toujours été très vite, et c'est pour ça qu'on arrive deux jours avant la date prévue. On a eu ces sessions de gybes le long de la limite des glaces, je crois qu'on a enchainé jusqu'à 30 gybes… toutes les heures ! 

On a fait une petite erreur de navigation, et MAPFRE a mieux géré la transition, fait un meilleur choix de voiles, et après ça partait par devant malheureusement, donc c'est vrai que c'est le côté injuste de cette étape pour nous. On l'a menée et la météo faisait qu'il y avait toujours des solutions pour revenir par derrière, et au moment où MAPFRE est parti devant, la situation a tourné en notre défaveur.

Je crois qu'on a pas de complexe à avoir, la différence se joue sur une petite erreur de navigation, mais c'est la deuxième fois, qu'on les mène, on les tient derrière et qu'on fait une erreur qui nous coûte très cher. Eux aussi en ont fait sans les payer aussi cher ! Ils sont très forts, on sait que ce sont des champions et que ça va être dur de les battre."  

En marquant 15 points sur cette étape (points comptant double et un point de bonus), MAPFRE, avec 29 points, conforte sa pole position au général et creuse un premier écart significatif sur ses rivaux. Un bien beau cadeau de Noël pour les Espagnols qui, en terminant les premiers à Melbourne, vont en outre pouvoir passer la journée de Noël en famille et bénéficier d’un peu plus de repos que leurs rivaux avant le départ de la quatrième étape vers Hong Kong (6000 milles), qui arrive très vite (2 janvier). Pour Dongfeng Race Team, cette courte escale australienne va se résumer à une course contre la montre pour réparer l’avarie de quille, sachant que les règles de course limitent à deux – sur cette escale – le nombre des membres de l'équipe technique autorisés à intervenir sur le bateau. Interrogé par son équipe, Graham Tourell, le boat captain du Volvo Ocean 65 chinois s’est cependant montré confiant : « Nous avons échangé avec l'équipage et assuré la liaison avec le chantier naval itinérant de la Volvo Ocean Race afin d'assurer les réparations dès l’arrivée à Melbourne. Le bateau pourra ainsi être réparé et prêt pour le départ de la prochaine étape vers Hong Kong ».