Après un peu plus de 24 heures de course, la régate s’annonce comme prévu passionnante en Class40, avec d’entrée de jeu des options qui ont étiré la flotte dans le Golfe de Gascogne. A ce jeu des options, quasiment tous les gros bras sont aux avant-postes, alors que s’annonce pour mardi un front très actif qui va secouer les 40 pieds.

Si les toutes premières heures de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe ont permis aux 53 solitaires engagés en Class40 de s’offrir une mise en route favorable avec une sortie de Manche très rapide grâce à un vent de sud-est d’une vingtaine de nœuds, les routages ont sans doute fonctionné à plein régime à bord, la situation météo dans le Golfe de Gascogne offrant tout un panel de possibilités. L’enjeu ? Trouver le meilleur endroit pour sortir d’un centre dépressionnaire synonyme de zone de calmes pour ensuite récupérer du vent de nord-nord-ouest, à même de permettre une descente rapide vers le sud-ouest.

A ce jeu-là, plusieurs écoles se sont opposées : certains ont tiré au nord du DST d’Ouessant, à l’instar de Louis Duc (Carac) – « Je ne voyais pas beaucoup d’intérêt d’aller au sud avec du jus dans la tronche et mon objectif était de faire de l’ouest pour sortir au plus vite de ce truc-là », a commenté le Normand à la vacation de midi -, d’autres ont plongé plus au sud, comme Kito de Pavant (Made in Midi), Luke Berry (Lamotte Module Création), Phil Sharp (Imerys Clean Energy), Arthur Le Vaillant (Leyton France), Sam Goodchild (Narcos : Mexico) ou Aymeric Chappellier (Aïna Enfance & Avenir) qui a expliqué : « Je pensais que la porte de sortie se situerait plus sud-ouest, ça nous emmenait aussi dans un endroit où il pourrait y avoir moins de houle dans la prochaine dépression ».

Environ 100 milles en latéral séparaient lundi après-midi ces deux groupes, tandis qu’entre les deux se situait Yoann Richomme (Veedol-AIC), le premier à avoir touché le fameux nord-ouest et à allonger la foulée. La suite du programme ? Quelques heures de descente tribord amure avant une progressive rotation du vent au sud-ouest et le passage du fameux front attendu pour la journée de mardi qui va secouer la flotte, au point que plusieurs solitaires ont décidé de se mettre à l’abri (Jean Galfione, Florian Gueguen, Maxime Cauwe, Hiroshi Kitada, François Lassort…), alors qu’à l’avant de la flotte, on se prépare au combat chacun à sa façon : « Je prévois le matossage qui va bien pour la journée de demain qui sera plus dure, je prépare ma bouffe de façon à limiter la circulation dans le bateau », raconte Maxime Sorel (V&B), tandis qu’Aymeric Chappellier ajoute : « Le tourmentin sera préparé sur le pont, il faut bien caler les affaires pour éviter que des trucs volent en cas de départ au tas, il faut bien s’hydrater, bien s’alimenter et être bien reposé pour être en forme au moment opportun. Il va falloir mettre le casque lourd, ne pas casser, être prudent ». Clairement le mot d’ordre de cette journée de mardi…

Ils ont dit  (vacation de midi) :

Louis Duc (Carac) : « On est dans l’œil de la dépression, on attend que le vent rentre dans l’ouest, on le voit, il n’est pas bien loin, mais pas encore sur nous, il faut être patient. Mon objectif est d’en sortir, la suite, on fera ce qu’on veut avec le nord-ouest et il y aura une dépression à gérer derrière ».

Maxime Sorel (V&B) : « Le départ était sympa pour tout le monde, je n’ai pas vu les photos, mais le rendu devait être sympa, il y a toujours beaucoup d’émotion. On a eu du vent toute la nuit, assez fort, un bon 25 nœuds, là, je passe le premier petit front qui va nous amener du nord-ouest, on va pouvoir faire du sud enfin, je suis sous la pluie, il y a très peu de vent avec une mer un peu croisée, donc c’est dur d’avancer. Je profite du temps calme pour ranger le bateau parce que c’était le feu cette nuit, et je prévois le matossage qui va bien pour la journée de demain qui sera plus dure, je prépare ma bouffe de façon à limiter la circulation dans le bateau. Il y aura peut-être un peu moins de mer que ce qui était prévu. J’ai dormi trois fois vingt minutes quand j’ai affalé le spi et que je suis passé sous J1 ».

Antoine Carpentier (Custo Pol) : « Le départ s’est bien passé, j’avais la bonne config de voiles et les ballasts déjà pleins, ensuite, j’ai pris pas mal d’algues dans la nuit, mais j’ai cassé ma canne à algues qui est restée bloquée dans le safran, j’ai dû faire plein de marches arrière pendant la nuit, les premiers en ont profité pour se barrer et je n’avais pas forcément les bonnes configurations de voiles. Je suis dans la molle, on traverse le centre dépressionnaire, je viens d’enrouler le spi, le vent adonne progressivement. J’ai encore un vent au 115 qui va passer est puis venir dans le nord-ouest, ensuite ça va aller assez vite. J’ai profité de l’accalmie pour ranger le bateau et faire le point sur le matériel ».

Sam Goodchild (Narcos : Mexico) : « Pour l’instant, ça se passe plutôt bien, on a eu 25 nœuds cette nuit, maintenant, je suis dans une zone de transition entre vent de sud et de nord, c’est assez compliqué, on est assez étalés entre nord et sud, moi je suis allé un peu plus sud pour éviter le gros de la mer qui arrive mardi, à partir de cet après-midi, il y aura beaucoup plus de vent. J’essaie de rester pas très loin de Phil Sharp qui navigue très très bien ».

Kito de Pavant (Made in Midi) : « Il y a de la mer forte, on est en plein milieu de la dépression, donc le vent est en train de tourner petit à petit à gauche. Dans quelques heures, on va avoir du nord-ouest pour descendre au sud, la nuit a été un peu compliquée, il a fallu se remettre dans le bain après quelques jours à terre, ça a été assez compliqué de trouver la bonne voile parce que le vent était instable en direction et en force. Là, ça remue dans tous les sens et ça promet pour demain. On attend la rotation du vent pour aller à la bannette, il va falloir reprendre des forces, manger, faire le dos rond pendant 24 heures, j’ai l’impression que c’est un peu moins fort que ce qui était annoncé samedi, mais il y aura des grosses rafales et surtout de la mer très très forte, il ne va pas falloir aller trop vite là-dedans, parce que nos petits bateaux sont fragiles ».

Nicolas Troussel (Corum) : « Le début de course s'est bien passé, on est sortis de la Manche rapidement, c'est allé vite, donc c'était sympa, le vent était assez instable en force et en direction, il y avait pas mal de manœuvres à faire avec un peu de vagues, donc il fallait être dessus pour faire avancer le bateau. Là, on est dans des allures de face, ce n’est très agréable. Pour l'instant, j'essaie de sortir de cette zone sans vent et d’aller chercher le nouveau vent de nord, après ça sera plus calme, car là, ça bouge beaucoup, ça tape dans les vagues. Pour mardi, ça a l'air d'être un peu moins fort qu'au départ. Il n'y aura pas 45 nœuds, je pense que ce sera plutôt entre 30 et 40, mais il va y avoir de la mer comme prévu, il va falloir être vigilant. Je vais me préparer tranquillement à réduire la voilure au fur et à mesure que les heures vont passer ».